La crise financière et immobilière étend son spectre sur toutes les places de marché mais aussi sur toutes les entreprises, tous les gouvernements, tous les ménages… Malgré les efforts surhumains déployés par le gouvernement pour faire croire à la croissance, il est maintenant établi que le pays entre en phase de récession (deux trimestres consécutifs de croissance négative selon l’INSEE). Et il semblerait que cette « croissance négative », bel oxymore, s’installe en 2009… Vivement 2010 !
Tous les indicateurs sont d’accords, et partout en Europe l’avenir se dévoile sous le même jour. -0.3% en France, -0.5% en Italie et en Allemagne, -0.2% pour la zone euro (chiffres printemps 2008). Du jamais vu depuis le début des années 90. Avant la crise financière qui a frappé de plein fouet le monde économique à l’automne, c’est bien la consommation des ménages qui est en cause. Il faut reconnaître que jamais les ménages n’ont été confrontés à un tel concours de circonstances : 100% d’augmentation pour le pétrole entre 2007 et 2008, 50% pour les produits agricoles. Ajoutés à cela la hausse du nombre de demandeurs d’emploi (après une baisse continue depuis trois ans) et la crise financière donc qui vient toucher les banques au cœur de leur système de crédit, le scénario vire à la catastrophe. La crise est sur toutes les lèvres.
Depuis quelques semaines, le pétrole est revenu à la baisse. Inexplicablement, les spéculateurs sont partis spéculer ailleurs et le pétrole est revenu à un coût raisonnable, aidé en cela par une baisse de la valeur euro par rapport celle du dollar. Mais cela ne sera pas suffisant pour faire regagner ce qui a été perdu. L’expérience nous a prouvé qu’il faut du temps pour expirer les excès financiers et immobiliers. Les analystes économiques du FMI ont passé au crible les 112 récessions subies depuis 1960. Le résultat de ces analyses montrent qu’il faut en moyenne 11 mois pour dépasser une phase de récession dite « classique » et que cette récession coûte 2% du PIB. Si cette récession s’accompagne d’une crise immobilière, elle dure 6 mois de plus et le coût monte à 5% du PIB. Considérant dans ce cas que les crédits restent grippés 2 ou 3 ans et que le prix de l’immobilier continue de baisser pendant 4 ou 5 ans.
Le rebond tardera donc à venir et tout le monde semble l’avoir compris. La consommation, bridée par la pression mise sur les salaires, et l’investissement des entreprises, soumis à cette consommation des ménages et à la dureté des taux d’intérêts, ne pourront repartir de l’avant avant quelques mois. L’Allemagne devrait voir son commerce extérieur souffrir du ralentissement de l’économie mondiale et la France, l’Italie et l’Espagne resteront soumises à la faiblesse de leur offre (qualité moyenne, absence sur les marchés les plus porteurs…). Le salut reste donc entre les mains de la Banque Centrale Européenne qui devrait maintenir le plus possible des taux d’intérêts bas, voire les abaisser encore, et garder la zone euro loin du spectre de l’inflation ou de la déflation.